Les armées de Dahlia défilaient partout en Scandinavie, portant haut les couleurs de la coalition des âmes libres. Le triomphe était annoncé, la victoire, grandiose. Le succès, éclatant. La joie et l'amour pourraient enfin reprendre leurs droits. Les lieutenants se tenaient fiers sur leurs destriers, prêts à livrer une bataille sanglante jusqu'à la mort de leurs ennemis. Pourtant, dans son palais, Dahlia n'était pas tranquille. Un mauvais pressentiment. Quelque chose qu'elle n'aurait su expliquer. Depuis qu'elle s'était levée, un mal s'était emparé de son corps et elle manquait défaillir à chaque fois qu'elle entendait un bruit inattendu. les pulsions de son coeur lui rappelait que le dénouement approchait à grand pas.
Que se passait-il ? Depuis la défaite d'Oopland, elle se sentait frêle et apeurée. La malédiction des Azildur, ce n'était qu'une fable. Elle n'avait pourtant pas oublié comment avait fini la précédente Dahlia de sa famille, sur les terres d'Europe. Non, non, cette fois, c'était impossible. Comment pouvait-elle échouer si près du but ? Pourtant, les fantômes rodaient.
Dès l'aube, les ordres avaient été donnés et toutes les légions s'étaient mis en marche. Il ne restait qu'elle dans le palais, et 100 de ses plus braves compagnons. Les défenses étaient prêtes et il ne pouvait rien arriver. La bataille se jouerait en Trondelag et dans la libération de Lillehammer. Elle touchait machinalement la bague qu'elle tenait dans la main. Oui, son mariage approchait. Tout était prévu pour que ce jour reste dans les mémoires étincelantes : la libération de Lillehammer, une magnifique joute et un mariage. Les gens d'Oopland ne l'avaient pas oublié, elle le savait, et le bonheur serait au rendez vous.
D'ici au lendemain, tout serait différent. Le palais s'endormit, attendant avec impatience les nouvelles du front. Seulement, il était impossible pour Dahlia de s'endormir. Une mauvaise fièvre lui faisait perdre la tête, elle entendait des hommes en armes et sentait l'odeur de fumée, l'odeur de feu, l'odeur de mort. Elle sortit avec précaution de sa chambre, prenant au passage la lame donnée par son père Baïbars al Bunduqdari pour la protéger. Etait-elle devenue folle ? A peine sortie, trois de ses gardes accoururent et lui ordonnèrent de rentrer dans sa chambre.
"Que se passe t-il ? Où est Hibernatus ? Où est Octave ?"
-Ma Dame vous ne devez pas rester, l'ennemi nous a pris par surprise, nos chevaliers assurant la défense ne seront pas là avant plusieurs heures, dans le meilleur des cas, si notre messager réussit à passer.
-Combien sont-ils ? Est-ce toute l'armée qui défile sous nos fenêtres ?
-Ils sont mil madame."
L'annonce lui fit l'effet d'un coup de poignard. Alors qu'elle entendit très disctinctement la grande porte eclater comme un fruit trop mur, elle se mit à courir jusqu'au balcon de la Cour, les yeux emplis de larme. Ce qu'elle vit la mit à genoux. Son palais était en flammes alors qu'une horde d'envahisseurs barbares se déversaient dans la Cour. Tout n'était que chaos et sang. Tous mourraient, serviteurs, défenseurs, cuisiniers, enfants, écuyers. Comment était-ce possible ? Comment avaient-ils pu s'avancer jusqu'ici sans être interceptés par les chevaliers assurés de sa défense ? Bien sur, car elle leur avait demandé de se battre en rase campagne et non pas de rester en garnison.
Peut-être pouvait-elle encore s'enfuir. Il fallait qu'elle rejoigne Frontel en attendant que ses généraux sécurisent l'endroit. Alors qu'elle allait se retourner pour appeler à l'aide, elle sentit une poigne de fer s'emparer de sa chevelure et lui tirer la tête en arrière d'une force vive.
Sous le choc, elle lacha la bague qu'elle tenait qui roula à quelques centimètres d'elle. Dahlia ne put s'empêcher de pleurer et garda le regard fixé sur l'anneau sur lequel se refletaient les flammes rouges de la nuit. Malgré tous ses efforts, elle ne put que tendre une main pâle pour essayer de récupérer son précieux bijou. En vain. Elle ne put s'empêcher de crier lorsque dans un rire macabre, le couteau de son agresseur lui trancha la gorge. Ainsi s'est éteint Dahlia dans son palais d'hiver, avec une couronne rouge sang.
Arda para subire, brûle de t'élever
