Après moultes tempêtes familiales, le jeune et impétueux Siegfried s'était exilé dans les terres Scots, loin des terres domainiales de son blason, et voulait exprimer sa différence vis à vis de ses aïeux de la maison d'Alinor. A la diplomatie et à l'honneur, ce dernier avait préféré la force, la violence, et la ruse sombre. Ainsi en quelques mois extermina-t-il tout seigneur qui aurait pu lui revendiquer la Royauté d'Alba, ce pays brumeux et sauvage auquel il s'était attaché, sans une once de remord.
Arriva bientôt l'heure de la Grande Guerre, annoncée depuis de longues années. Les puissants seigneurs d'Argaunar et Dalmace dominaient les grandes plaines du continents, et se défiaient à distance. Siegfried était connu de chacun d'eux, et chacun d'eux avait besoin de son appui. Il devait jouer le rôle de l'arbitre dans une guerre qui - qui l'aurait cru à par lui ? - n'aurait jamais lieu. Aux troupes fraiches et à la puissance menaçante du seigneur d'Argaunar, le jeune Siegfried préféra se fier en premier lieu à la "fidélité" affichée du vieux Dalmace, déjà fort occupé et dispersé au nord.
C'est par une nuit de nouvelle lune que naquit dans son esprit ténébreux la ruse ultime qui - il le savait - scellerait le sort de la Scandinavie pour les prochaines décennies. Cest pourquoi, deux jours durant, il fit faire route à ses armées en direction des verts plateaux de Kopparborg, ne leur laissant que quelques heures de repos. A l'arrivée de la toujours plus nombreuse et puissante armée à l'Aigle d'Or en terre de Kopparborg, le comité d'accueil amoindri du pauvre seigneur Elessar fut balayé et chassé en moins d'une heure. Les corps encore chauds jonchant le champs de bataille furent rassemblés et dépouillés de leurs vêtements, si bien qu'à la nuit tombée on n'eut plus vu que quelques taches de sang sur l'herbe verte des paturages. Après une nuit de repos salutaire, une poignée dhommes revêtit les couleurs prises aux cadavres de la veille et partit en appât dans la vallée, en-dessous de la colline doù devait arriver les armées du seigneur sudiste. Pendant ce temps, deux légions furent déployés sur les flancs, tapis derrière les collines. Le piège était déployé
Une lueur noire étincela dans le regard de Siegfried quand il vit les premier soldats. Un sourire en coin l'accompagna, un de ces sourires narquois qui hatise les haines. En face, une armée bardée de vert dévalait le versant de la colline. La charge était lancée. L'histoire était en marche.
Siegfried leva son sceptre en haut duquel trônait un phénix d'or. C'était le signal. Aussitôt son aide de camp sonna l'olifant, et le son sourd de la trompe résonna dans la vallée. Les hommes disséminés à flanc de montagne enlevèrent leurs capuchons gris. Bientot le versant nord fut parsemé du bleu des guerriers d'Ecosse. Les glaives furent levés au ciel, et un gigantesque rugissement retentit à 5 lieues à la ronde. L'armée d'Argaunar eut un moment de doute et avanca plus lentement vers l'ennemi. Ils ne comprenaient pas comment ces quelques centaines d'hommes avaient pu hurler ainsi. C'est alors que sur les deux flancs de la ligne de front surgirent deux nuées bleues, deux énormes vagues qui allaient déferler sauvagement sur la plaine et renverser tout ce qui se trouverait sur leur passage. Argaunar comprit le traquenard qui lui avait été tendu, et fit sonner la retraite, mais il était trop tard : l'attaque avait été lancée, et la honte allait s'abattre sur sa Maison...
Par dizaines, par centaines, par millers, les pauvres soldats du sud, affolés, périrent sur les tranchants d'épée venus de toutes parts. Le carnage tant convoité avait bien lieu, et les quelques survivants qui réussirent à s'enfuir n'oseraient sans doute plus s'aventurer en face de cette marée humaine. La large voie était maintenant ouverte vers la demeure d'Argaunar...
Le seigneur Siegfried savourait sa victoire. A choisir entre le sud et le nord, il avait préféré lEcosse, sa propre cause ! Il savait que ce guétapan manoeuvré de main de maitre aurait déplu à ses nobles aïeux, mais il s'en moquait bien. Cette journée avait irrémédiablement scellée le sceau de sa domination sur la Scandinavie toute entière. Tout seigneur digne de ce nom allait prochainement lui déclarer la guerre dans une dernière tentative désespérée daccéder au trône, mais rien nempêcherait plus Siegfried le Noir, Siegfried le Grand, Siegfried 1er, de semparer du trône vide
