La pénombre avait progressivement pris possession du ciel et de la terre, laissant les paysages de Lotharingie dans un silence oppressant et amer. Le vent soufflait fort, faisant claquer les gonfalons de Guillaume le Normand, ce brave seigneur qui s'était lancé à l'assaut de la couronne de Kalan.
Tel un phare dressé face aux mers sombres, le château du Duc de Normandie resplendit dans l'Ombre, avec ses tours élancées et ses grands feux qui flambent, réchauffant le coeur et les esprits. Opaques sont les ténèbres et les gardes ne peuvent pas voir arriver ce vieillard clopinant qui passe sur le pont-levis, alors abaissé. Bien qu'il fasse nuit noire, le Chevalier de ces terres est un homme bon et son hospitalité, reconnue par tous, le pousse à laisser sa porte ouverte.
Cela n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd et Philippe l'Edenté, comme on le surnomme des Angles à la France-Comté, s'engage dans le vaste complexe, jouant étonnement bien de son incroyable agilité et de sa discrétion sans faille.
Mais voila que Guillaume donne un festin pour ces petites gens, avant le grand banquet promis aux maisons françaises, en petit comité ils boivent et mangent, et l'Edenté s'en trouve fort aise.
C'est ainsi que troublant le repos de l'assemblée, Philippe se présente dans toute sa maigre splendeur, devant le prince des seigneurs, Guillaume l'Imperturbable pourtant bouche bée. Les épées sont tirées, les mouchoirs sortis mais Guillaume, dans sa sagesse infinie, tonne pour que la folie soit arrêtée.
Il s'exprima en ces termes :
"Toi le voyageur, qui ose te présenter devant moi seigneur,
Auras-tu la décence de te présenter, comme ta noblesse doit surement l'exiger ?
Mange tant que tu le veux et danse à ma table, mais ne commet point l'impensable.
Fais nous l'honneur de ton identité et dix fois ton nom à ma Cour sera scandé"
Philippe se courba alors et prit la parole d'une voix aussi douce que du satin, aussi dorée que le miel, mais aussi ferme que le poing d'acier des vieux Empereurs.
"Duc de Normandie,
Toi dont j'entends le nom chaque nuit,
Tu dis donner un banquet en ton honneur
Alors laisse moi à tes pieds seigneurs,
Si je ne puis pour toi conquérir toutes les mers,
Je peux te distraire de mes vers
Et si je ne puis pour toi rendre ton bastion imprenable,
Je peux pour toi Ô innefable,
Te conter comment en l'An quarante et un,
Je réussis comme les cinq doigts de la main,
A unifier un Royaume en proie aux flammes
Et aux paroles aussi trompeuses que la femme.
Il y a d'ici trois lunes je ne te connaissais point,
Je sais aujourd'hui que de ta personne il faut prendre soin,
Car dans l'océan des promesses de renommée,
Plus d'un requin vous ferait bien saigner"
Philippe l'Edenté, le déchu adressa alors à la table de Guillaume son plus beau sourire, et on ne sait quelle folie les prirent, mais de toutes les dames, d'aucune ne se mirent plus à rire.
HRP : Une petite participation d'un ancien seigneur français pour souhaiter à tous une bonne chance. Guillaume, bien que je ne participe pas à la campagne, je me ferai une joie de te servir de ménestrel ou de compagnon, si l'envie t'en prend. Azildur.
Arda para subire, brûle de t'élever