Le Sire Albert était un seigneur de grande vertu, et de grand courage. En décidant de se ranger à l'opinion générale, il déclarait ainsi la guerre au Roy désigné de ces terres, à savoir Osvald Haraldsson le Puissant. Après tout, à six contre un, peut-être parviendraient-ils à renverser le monarque.
C'était sans compter ce qu'il venait de se passer à l'Ouest, où, patiemment, Osvald avait fait le siège de Trondelag et Trondheim, qui avaient envoyé leurs deux champions se briser les dents face aux hordes jaunes. Les deux chevaliers étaient désormais morts, et les terres n'étaient que chichement défendues : en réalité, Higgins et Calydan pouvaient soit attaquer, soit défendre, mais pas les deux. Et l'une des deux terres tomberaient assurément.
Osvald choisirait-il d'attaquer Trondheim, où, derrière ses murailles, Calydan espérait contenir une horde de plus de 22 000 guerriers emmenés par le chevalier le plus puissant du royaume ? Où choisirait-il de poursuivre son siège et de s'emparer de Trondelag, comme un fruit trop mûr ? Sans le savoir, Albert se retrouvait en réalité dans la même situation que ses compères d'infortune.
Albert était moins renommé qu'Osvald. Aussi, il se trouvait face à un choix cornélien : en choisissant d'attaquer, il ne pourrait pas défendre Vaasa, sa terre maîtresse. Si Osvald choisissait de ne pas défendre Oulu mais d'attaquer Vaasa et Mikkeli, l'échange serait chiche : deux terres contre une.
Puisqu'Osvald aurait également gagné une terre à l'Ouest cette saison, il serait alors à 16 terres, en passe d'être couronné. Et la saison prochaine, le même dilemme se présenterait puisqu'Albert devrait défendre Kymia et Turku... Mais s'il choisissait de défendre, rien ne lui garantissait qu'il pourrait passer la saison d'après...
Voilà la situation dans laquelle Albert venait de se mettre. Car la couronne promise à Osvald lui tendait les bras. Car même toutes les armées unies ne représentaient que 23 000 pauvres hommes, contre sa horde de plus de 34 000.
Osvald décida de rentrer dans son château, le coeur blessé. Il avait proposé la paix et la prospérité à tous ces seigneurs. Mais ils avaient refusé sa main tendue. Ils devraient donc goûter à la saveur du sang et de l'acier et alors, enfin, la Scandinavie connaîtrait la paix...