Le chat, roi des animaux dans sa Cour, avait décidé de se doter des meilleurs courtisans, vassaux et serfs d'Europe. Pour se faire il se fit construire un jardin et ériga de très hauts murs. La basse-Cour était au complet : oiseaux, poules, renards, corbeaux, pigeons, poissons rouges. Il y avait de tout et le chat contemplait avec plaisir qu'il regnait sans partage sur son bout de jardin.
Le chat entendait néanmoins, ce qu'il se passait de l'autre côté du grand mur du jardin. Les chiens se battaient entre eux, les loups aussi. Les hommes arrivaient avec fourches et feu. Mais la basse-Cour, toute disposée aux griffes du chat, n'osait bouger, maintenue dans un confort et des mensonges soyeux.
Mais lorsque le mur s'écroula et que le monde se déversa, le chat fit donner sa garde. Il sacrifia d'abord les poules aux renards qui rôdaient dans l'espoir qu'ils passeraient leur chemin. Il demanda aux corbeaux, pigeons et autres volatiles de se battre pour leur survie, leur assurant qu'il les soutiendrait, s'inventant des affaires urgentes ailleurs.
Le chat tenta alors de se grossir pour effrayer ses adversaires. Il se jeta sur ses derniers sujets les poissons rouges, qui béaient sans réflechir et les mangea d'un coup d'un seul non sans jurer qu'il était affreusement désolé.
Le chat grossit tant et si bien qu'il pensa avoir réussi son pari. Oui mais voilà, de Cour il ne restait point. Envolés, mangés, massacrés, déchiquetés, tous les glorieux animaux de sa Cour.
Le chat n'avait plus que deux solutions pour échapper au Loup qui s'approchait doucement de lui : la fuite ou la mort. Il tenta bien de le raisonner et de l'amadouer. Mais il n'avait plus de vassal à sacrifier. Comment faire alors pour raisonner pareil sanguinaire ? Il y avait d'autres animaux plus gras et plus puissants que lui, lui qui n'était qu'un pauvre chat sans graisse et sans panache. Le Loup aurait été bien inspiré de s'en prendre au Lion, ce prétentieux, qui allait finir par devenir Roi des animaux si on ne faisait rien.
Mais le Loup ne l'entendait pas de cette oreille. C'est que la solitude et la soif du sang l'avaient rendu bourru et pour le moins barbare. Il n'avait cure du lointain Lion, qui avait pu régner avec la complicité silencieuse du Chat. Ce dernier, comprenant sa dernière heure sonnée, sans demander son reste lâcha sa couronne et un pet discragieux avant de s'éclipser dans la nature.
Le chat est gras et lâche, que n'aurait-il été Roi des animaux s'il avait fait abattre le mur lorsque vous n'étiez que des louveteaux. il est une chose de régner sur les petits animaux et une autre de résister aux grands prédateurs. Mais même le plus petit moineau peut devenir aigle s'il prend de la hauteur et voit par dessus le mur.
Arda para subire, brûle de t'élever
