"De qui vous moquez vous Niccolo ? Vous pensez que l'on peut déclarer la guerre à des seigneurs ainsi, pour le plaisir des yeux et l'irrespect monstre dont vous avez fait preuve ? En ne répondant pas à sa missive. Je vous ai nommé Chancelier car vous m'aviez dit exceller dans l'art de la diplomatie ! Pas du fiasco le plus total, pour reprendre votre très chère langue.
-Vous ne trouverez dans mon travail, ni un style brillant et pompeux, ni aucun de ces ornements dont les auteurs cherchent à embellir leurs écrits. Si votre serviteur vous est agréable, ce sera uniquement par la gravité et la matière du sujet. Il ne faut pas que l’on m’impute à présomption, moi un homme de basse condition, d’oser donner des règles de conduite à ceux qui gouvernent. Mais comme ceux qui ont à considérer des montagnes se placent dans la plaine, et sur des lieux élevés lorsqu’ils veulent considérer une plaine, de même, je pense qu’il faut être prince pour bien connaître la nature et le caractère du peuple, et être du peuple pour bien connaître les princes
-Que me chantez vous là ? Vous m'exaspérez au plus haut point, et vous le savez Niccolo !
-Votre serviteur ne vit que pour vous plaire aussi j'ai pris la liberté d'engager quelques actions diplomatiques qui nous seront d'un grand secours.
-Effectivement, passer pour un être froid et sanguinaire, voilà qui correspond à la réalité et à l'image que je souhaite donner de moi !
-Chère Dame, je ne suis que votre pauvre hère aussi je ne prétends pas détenir la vérité brillante et lumineuse. Mais voyez vous, les choses bougent vite en Europe et j'ai été averti assez tôt par des hommes qui ne méritent même pas de poser les yeux sur vous que le sanguinaire Paulus n'était autre que le bourreau des hollandais depuis des centaines d'années, descendant des seigneurs francs, arrogants et ô combien meurtriers. En délivrant le peuple de Hollande de cette peur cent fois présente, vous vous en ferez leur reine et leur espoir. Bien vous en a pris de décider, ô gracieuse Dame, de me faire confiance. Contemplez comme le sanguinaire Paulus s'est fait ennemi des hommes et des nations. La France se soulève contre lui pour le jetter bas.
-Vous m'énervez Niccolo, sortez d'ici et que je ne vous revois plus. Vos paroles sont trop mielleuses et mon affection pour vous bien trop grande, voilà qui me perdra.
-Je vis pour vous servir. Avant de me retirer, permettez moi de vous avertir que vos invités vous attendent au salon. Et même si je continue de me demander ce que vient faire ce barbare ici...
-Vaque Niccolo, et ne reviens que lorsque les saisons chanteront. File dans la salle, je vous y rejoins.
***
Hanovre était une ville fort agréable pour qui souhaitait y vivre. Destinée à un but commercial et agricole, la cité était bâtie sur le modèle d'un village de pêcheurs avec une simple enceinte. L'architecture, bien que très germaine, laissait filer une certaine fantaisie et un confort bien agréable sur lequel Dahlia ne crachait pas. Aussi sa résidence n'était autre que le grand hôtel de ville dans lequel il ne se passait pas une minute sans que des bourgeois aux couleurs vives entrent et ne sortent. Bien moins austère qu'un grand château. La grande salle était cependant reservée à l'usage strictement personnel des prérogatives de Dahlia Al Bunduqdari, descendante d'Octar Azildur. Et quelle plaisante vision de voir cette grande estrade. Un siège massif en hauteur, drapé de soieries aux couleurs de la famille. Adouci avec peaux de bêtes et couleurs d'Orient. Un ensemble chargé et étonnant. L'aigle de Thuringe flottant fièrement à côté du drapeau Ilkhanide.
Sur l'estrade du dessous, a droite, un siège non moins massif aux couleurs vivaces, incrustés de citations latines en filigrane d'or. Un siège bien pompeux et inutile pour un homme aux origines bien légères, Niccolo, représentant de la branche italienne des Azildur. A gauche, un trône en pierre, dur et sans le moindre ornement. Là où siégeait Thorolf le Germain, maître d'Hanovre et représentant des brutaux Azildur de Bavière. Enfin, juste sous le siège de Dahlia, un large siège en bois blanc, sertis de pommeaux d'épées dépassant de chaque côté du fauteuil. Le grand siège de Thuringe, propriété de Louis le Germanique, descendant d'Octave.
La famille Azildur était au grand complet, chacun assis à la place qu'il était censé occuper. Ses braves frères, comme les appelait Dahlia. Chacun sorti d'un de ces trous à rats où ils vivaient une existence paisible et discrète. Qui, vendeur de poisson, qui chevalier anonyme joutant aux quatre coins de l'Europe, qui philosophe exilé.. Tous avaient répondu à l'appel. Loin d'être des héros semblables à leurs ancêtres, ils étaient pourtant tous emplis de force et de fierté. Dahlia n'auraient pu mieux s'entourer. Chacun avait un rôle bien défini. Si Niccolo avait naturellement pris la diplomatie, Thorolf guidait les armées et Louis était le Grand Intendant de Frise, chargé de toute l'administration.
Mais un quatrième homme se tenait, les bras croisés, entièrement revêtu d'une armure rouge sang, debout devant les trois seigneurs. Une grande crinière blonde et des yeux d'un bleu glacial et perçant. Des cicatrices barrant son visage buriné. Lorsque Dahlia entra, tous se retournèrent vers le fond de la salle.
"Mes frères, réjouissez vous car notre famille est désormais au grand complet ! Puis-je vous présenter Oktavus de Kalmar ? Il nous vient des grandes steppes gelées de Suède, d'où il fut injustement banni pour avoir ferraillé contre les rois en place, encore et toujours, perpetuant la tradition de notre famille dans ces contrées inconnues, celle de la guerre et du sang. Accueillez le à bras ouverts car il nous faire montre de gentillesse et de piété avec notre dernier frère. Cruauté pour nos ennemis, clémence pour notre famille. N'est-ce point ce que vous préconisiez cher Niccolo ? Pouvons nous passer aux affaires pressantes et urgentes ? Où en est cette école de danse Louis ?"
Res dura et regni novitas me talia coguntMoliri, et late fines custode tueri.
Arda para subire, brûle de t'élever
