Le feu illumina le Ciel un bref instant avant de s’écraser sur la ville. C’était un spectacle des plus terribles que de voir la destruction d’un œil si objectif. Sur le pont, les hommes s’affairaient avec une frénésie presque mécanique. Les bouches des canons continuaient de réciter leur mélodie démoniaque tandis que l’on préparait le virement de bord. Le Royal Fortune était à l’image de son capitaine. Rapide, fin et redoutablement esthétique. Le port était maintenant complètement mis à sac alors que le chaos s’était emparé de la cité. Le vent gonfla le foc et propulsa le navire à quelques encablures de la chaussée de Bruges. Au chant des sabres, une horde de démons de tout bord, hollandais, français, espagnols, turcs, africains.. Se jeta sur la maigre garnison du Comté. Au milieu des hommes, un grand type au tricorne rouge sang virevoltait et distribuait des coups de braquemard bien sentis. Richement vêtu, ce dernier ne semblait pas souffrir des combats et se promenait dans les rangs ennemis, les clairsemant au possible. A chacun de ses mouvements, le capitaine du navire, car c’était lui, voyait ses nombreuses chaînes valdinguer de tous les côtés dans un bruit infernal. L’escarmouche fut brève et sanglante. Les gardes de la ville se rendirent rapidement, ce qui signifia le commencement de la terrible nuit pour Bruges.
« Capitaine, vos ordres ?
-Très cher, disposez comme d’habitude. Pas de violence gratuite surtout, nous ne tuons que les hommes, les femmes et les enfants, ne touche pas aux animaux. Ne détroussez pas les manants et autres gueux. Ne rançonnez pas les pauvres, raccourcissez les, cela est bien plus efficace. Et vous m’enverrez le gouverneur, nous allons avoir une petite réunion sur le pont du Royal Fortune. Et trouve moi Jérôme, tous ces cris me font mal au crâne.
-Bien monsieur Roberts ».
Et c’est ainsi que Bartholomew Roberts passa la majeure partie de sa soirée. Sur le pont du navire avec ses quartiers maîtres et ses seconds, le Baronnet noir écouta Jérôme refaire les saisons de Vivaldi, contemplant le joli spectacle d’une ville qui brûlait pendant que dans les faubourgs et autres ruelles, la terreur s’installait en dominatrice.
Bartholomew Roberts était de retour de ses pérégrinations, et il entendait bien reprendre le contrôle des Flandres.
Arda para subire, brûle de t'élever
