Sur le plafond de la caverne dansaient des ombres et des lueurs, au rythme de la flamme vacillante des 5 chandelles posées sur le sol à distance régulière les unes des autres.
À leur odeur de cire brûlée se mêlait celle, nouvelle et âcre, du sang frais qui coulait lentement le long des sillons gravés dans la pierre.
Petit à petit, ces sillons se remplissaient du sang s'échappant du corps inanimé gisant au centre du cercle des chandelles. Le soporifique, puissant, avait laissé la victime vivante mais sans résistance.
Debout, un peu en retrait, armé d'un long poignard, une forme encagoulée attendait en psalmodiant d'un ton monocorde. Elle attendait que le sang ait rempli les sillons gravés dans la pierre. Que les lignes de sang, en se rejoignant, tracent le pentacle.
À l'odeur des chandelles et du sang se mêla encore une odeur de souffre. Le chant s'interrompit. L'Invité était arrivé.
-Gidéon! prononça l'homme encagoulé.
-Que me veux-tu, mortel? Pourquoi m'as-tu invoqué?
La voix respirait la colère. Elle venait de partout et de nulle part. Au coeur du pentacle, une ombre, incorporelle, de laquelle il émanait le mal.
-La jeunesse. Donne-moi la forme physique et mentale d'un homme de 25 ans. J'ai le pouvoir de t'y obliger, Gidéon.
Le démon réfléchit quelques secondes avant de répondre:
-J'ai mieux à t'offrir et tu n'as pas à m'y forcer. Je te donne la jeunesse que tu as perdue, mais également une force au-dessus de la moyenne, le charisme d'un roi, et la puissance d'un chef de guerre. Joins-toi à la boucherie qui s'annonce et tu ne seras pas déçu. Évidemment, il y a un prix, toujours le même: ton âme.
-Oui! Oui! Oui! Pour retrouver ma jeunesse, pour retrouver ma gloire d'antan, je ferais n'importe quoi!
Malgré qu'il n'eut pas de visage, Gidéon sourit. Et le vieil homme encagoulé vit sous ses yeux ses rides et taches sur sa peau disparaître et sentit les muscles et les os de son corps se raffermir.
Le pacte était scellé.
