Joachim était fier de lui.
Cette église était un ouvrage magnifique, une construction massive d'un aspect extérieur brut avec des contreforts impressionants dans un pur style roman. Et pourtant, lorsque l'on pénétrait à l'intérieur on était abasourdi par la hauteur de toiture, les voûtes en croisée d'ogives et les grands vitraux du triforium. Joachim, en tant qu'architecte et maitre d'oeuvre avait mis un point d'honneur à réduire au maximum la quantité de fer dans le bâtiment. Fini les grands tirants transversaux et les chainages au milieu du coeur, la physique et les poussées devait suffire à maintenir les voûtes et la toiture en place.
Quelques semaines après avoir fait construire son chef d'oeuvre, une tragédie s'abattit sur Joachim. Son père, le Duc de la principauté de Navarre, était mort soudainement. N'ayant pas laisser de volontés particulières quant à son enterrement, il fut décidé qu'un caveau lui serait construit dans la crypte de l'église San Saturnino tout juste bâtie. L'inhumation devait avoir lieu une semaine après la mort du Duc et le couronnement de Joachim le lendemain.
Nul n'oublierait ce terrible jour à Pampelune.
C'est au milieu de l'oraison funèbre que les premiers frottements se firent entendre. Le mortier qui s'effrite. La pierre qui glisse contre sa voisine. En tant qu'architecte, Joachim fut le premier à comprendre ce qu'il se passait. Il n'eut que le temps de hurler à tout le monde de fuir avant de courir lui-même. Toute l'aristocratie de Navarre mais aussi des seigneuries voisines étaient présents pour cette eulogie. L'effondrement de la voûte causa la mort de centaines de personnes, nobles laïcs, ecclésiastiques, grands bourgeois. de Pampelune... Une dizaine de personnes, les plus éloignées du choeur, et Joachim réussirent à s'enfuir à temps.
Le soir même, les hérétiques vaudois, nombreux à cette époque à Pampelune, attisèrent la colère du peuple contre Joachim. C'était son arrogance qui avait provoqué la colère divine et fait s'effondrer le toit de son chef d'oeuve. Tel les constructeurs de Babel, il avait cru pouvoir se comparer au divin et avait été châtié pour cela.
Il fut forcé de fuir avec quelques fidèles, fuir jusqu'à un pays où personne n'aurait entendu parler de cette tragédie et où il serait libre de construire à nouveau comme son coeur le lui dictait.
Il finit par arriver sur les rivages du Danemark où il entendit parler de la fin de vie du roi Kalan. Il décida de participer à la compétition dans le but de bâtir un nouveau royaume en Scandinavie.
Pair du Royaume
Prince de la cour royale
Capitaine de l'armée royale