"N'est pas mort ce qui à jamais dort, et en d'étranges ères, même la Mort peut mourir".
Orcrist Ftagh'n !
Le petit écureuil, perché sur le dos du jeune éléphant, contemplait les braises rougeoyantes d'un petit feu de bivouac, au mileiu d'immenses étendues d'autant plus sombres et menaçantes que le crépuscule cédait la place à la nuit. Une brise légère et étonnamment fraîche parcourait l'endroit, et Orcrist était penché sur ce qui ressemblait à une pierre tombale.
De sa main décharnée, il tentait d'épousseter la poussière multi-séculaire qui reposait là sans qu'aucune autre main humaine ne l'eut approchée auparavant. Puis l'expresion de son regard changea progressivement au fur et à mesure que d'antiques inscriptions apparaissaient, érodées par le temps et le vent, sur la pierre nue.
Il se redressa alors, lentement, et son regard se perdit au loin. Il semblait ne plus entendre ni ressentir quoi que ce soit provenant de cet endroit. Sa longue cape ondulait au rythme du vent, et ses deux compagnons, qui ne le quittaient pas des yeux, ne savaient que penser.
La Lune sortit alors d'un nuage, et sa lumière blafarde éclaira les os de ses mains blanchis par l'effort. Il serrait en effet son Sceptre avec force, mais sans trembler.
Des pas se firent entendre mais il ne bougea pas, ne daignant pas même se retourner pour s'enquérir de l'identité du visiteur, insensible au danger. Son regard dans lequel se reflétaient les braises se reposa sur la pierre tombale et il demeura immobile.
L'individu se rapprocha alors, parvint au niveau du Porteur du Sceptre, et se tint à son tour immobile, respectant son recueillement.
Au bout de longues minutes, qui auraient pu tout aussi bien être des secondes ou des heures, Orcrist se détendit. Son souffle devint profond et sa prise sur son Sceptre se relacha. Le visiteur se racla la gorge et ...
" C'est la tombe d'Orcrist le Ménestrel, n'est-ce pas ?
- C'est exact, c'est là qu'il est tombé, seul face à ses assassins et à une armée entière de maures" répondit le Dormeur du Lac, sans détourner son regard de la sépulture austère.
- Vous êtes son descendant...
- Si l'on veut, oui... en tous cas, de ce qu'il représente. Mon Sceptre au Majeur Dressé, c'est le symbole de son vivant. Et je suis certain qu'il y a encore un peu de lui dans cet artefact.
- Il était redoutable et courageux, voire fou. Toute la région tremble encore des conflits qui l'ont opposé aux Maures durant l'ère d'Acte 1. Les légendes sont encore vivaces ici, qui relatent son périple jalonné de feu et de sang, avant qu'il ne tombe, traitreusement assassiné par l'un des maures alors qu'il s'enfonçait dans leurs lignes arrières.
- ... et qu'il lève bien haut son majeur, en guise d'utime défi hurlé à la face des maures, face à la mort !"
Le silence du désert retomba sur le lieu, et l'enveloppa d'une atmosphère ouatée.
L'inconnu reprit alors la conversation.
"Vous ne devez pas savoir qui je suis, seigneur...
- Mon esprit me le suggère, mon coeur me le souffle
- Vous vous souvenez de Moussa, n'est-ce pas ?
- Naturellement, et vous êtes de son sang...
- Oui"
Le destin avait ainsi donné à Orcrist la terre où le Ménestrel avait fait naître la Légende. Le Ménestrel était mort, mais sa lignée n'était qu'endormie. Il leva les yeux, et la constellation du Majeur Dressé de détachait à présent dans le ciel pur et cristallin de la nuit.
Les étoiles étaient de nouveau alignées.
N'est pas mort ce qui à jamais dort...
Dernière modification par Orcrist (17/04/2013 22:25:38)