Le soleil tapait à pierre fendre sur les collines rocailleuse de Franconia, mais Bolgorok ne s'en plaignait pas : les trolls aiment les conditions extrêmes et cette chaleur faisait ressortir les arômes du granit dans lequel avait été taillé la forteresse.
Cette chaleur n'était semble-t'il pas du goût du messager agenouillé au pied de son trône. Celui-ci présentait un tableau singulier. Il était difficile de déterminer si c'était la chaleur qui lui tirait toutes ces grosses goutes de sueur qui perlaient sur son front ou si la terreur qu'il semblait éprouver en était la source première. La pâleur du malheureux et ses claquements de dents incessants plaidaient pour la deuxième proposition ...
Il était là, attendant que le seigneur des lieux prenne connaissance du paquet et de la missive qu'il lui apportait de la part de son seigneur et maître : Le seigneur LARS SAGRAMORSON.
Le seigneur des trolls commença par dérouler le parchemin et le lu lentement à voix basse tandis que ca gueule, armée de crocs proéminents, se déformait en ce qu'il est convenu d'appeler, chez les trolls, un sourire …
Il ouvrit ensuite le paquet et en sorti le majeur amputé de LARS SAGRAMORSON. L'anneau enchanté adhérait encore fortement à l'endroit ou il avait brulé les chairs mais lorsque Bolgorok s'en saisi il sembla lâcher prise comme par magie, tel un rapace abandonnant sa proie au fauconnier.
Bolgorok regarda un instant le doigt et repensa au dernier mot de LARS sur le parchemin : « Ah, au fait, je vous rends votre cadeau, avec un élément complémentaire, afin que vous puissiez vous l'enfoncer bien profond ! »
Cette phrase … Bolgorok devait l'admettre, il avait du mal a voir ou voulait en venir le seigneur LARS … pas totalement sûr d'avoir saisi toute la porté de l'écriture de ce seigneur décidément très énigmatique, Bolgorok se saisie fermement du doigt et se l'introduit tout au fond de son immense ... gosier …
Se pourléchant les crocs, il reporta son attention sur le messager et lui dit :« TOI LE MESSAGER, JE NE TE MANGERAI PAS AUJOURD'HUI. VA ET DIT A TON MAITRE QUE J AI BIEN AIMÉ SON DOIGT ET QUE JE VIENDRAI BIENTÔT LE VOIR POUR MANGER LE RESTE »
Le messager qui n'osait croire à sa chance quitta la forteresse à brides abattues, jamais de mémoire de Franconien on avait vu messager plus véloce ...
Dans la vie y a trois sortes de gens : ceux qui savent compter et ceux qui ne savent pas