Le scribe arriva avec précipitation devant le trône. Il avait été nommé la veille et voulait faire son travail avec le plus de célérité possible.
- Sir Ilmir, sir. Une missive de la cours Royale est arrivée !
- Hum, fit le Seigneur Ilmir, fait donc voir.
Respectueusement, le Scribe tendis à son maître la précieuse missive.
- Mais ? mais ? il sagit dune missive de la cours de bouffons ! J'ai déjà dis que je ne voulais pas savoir ce qui s'y passait.
- Seigneur, cette missive est tout de même importante, non ?
- Non ! dit Ilmir violemment, jetez la au feu, comme toutes les autres missives que vous recevraient de cette cours.
Devant le regard d'incompréhension de son scribe, Ilmir se leva.
- Viens dit il. Suit moi.
Et le Scribe suivi son Seigneur à travers la grande salle, puis j'usquà l'escalier principal. Et ils montèrent, montèrent tout en haut du donjon. Unr fois là-haut, Ilmir balaya d'un mouvement ample toute la scène de cette fin daprès midi.
- Regarde dit-il au jeune scribe.
Et le scribe vu.
Il vit à l'est les armées de l'Ecarlate charger au grand galop contre les leurs. Il vit les hommes s'affronter transformant la plaine en un vaste mélange de chair et de métal. Il vit les braves chevaliers, du haut de leurs destriers, combattre sans relâche. Il vit les bannières des deux camps, toujours battant au vent, toujours pointant vers le ciel pour crier leur volonté de vaincre. Il les vit tomber, mais toujours être ramassées et à nouveau brandies. Il vit ses paysans, ses frères et cousins lutter pour préserver leur terre, il les vit tomber sous le coup ennemi, tomber à terre, dans la boue, dans le sang
dans leur sang. Il vit la puissance de la force.
Il vit un messager partir de l'état major de l'Ecarlate et contourner le domaine d'Ilmir pour rejoindre les troupes du Seigneur Gaston. Il les vit alors s'avancer à revers, conquérant les hameaux des paysans sans défense. Il vit la puissance de la diplomatie.
Il vit à l'horizon le drapeau du Seigneur Rodrigue en flamme alors que le Seigneur Ykar, à la tête dune armée gigantesque avait prit les hauts remparts du Seigneur des cents lacs. Il vit alors plus de morts qu'il n'avait pu voir d'êtres vivants au cours de sa jeune vie, Il vit les troupes du Seigneur Ykar avancer, encore et toujours face à des défenseurs déterminés. Il vit la puissance du courage.
- Regarde encore dit Ilmir d'une voix forte.
Le soleil se couchait alors, plongeant doucement la Scandie dans la nuit.
Et le scribe vu,
Il vit à l'est les armées de l'Ecarlate qui, malgré la fatigue des lourds combat de la journée, avaient commencé à creuser des fausses pour y enterrer dignement les morts aux combats, amis ou ennemis. Il vit la puissance du respect.
Il vit au sud le Seigneur Gaston qui avait quitté le festin de la victoire pour marcher seul sous les étoiles. Il le vit s'assoir et rédiger, le regard dans le vide, ses merveilleux carnets. Il vit la puissance de l'inspiration.
Il vit à l'horizon une grande flamme monter de la forteresse en ruine de Rodrigue. Il vit qu'un grand brassier avait été allumé en son centre et qu' ensemble les survivants des deux camps fêtaient le combat du jour. Alcool et nourriture passaient une dernière fois de mains en mains, de camps en camps. Demain les troupes de Rodrigue devraient quitter les terres, défaites, mais le temps d'une soirée le conflit sétait arrêté. Il vit la puissance de l'amitié.
- Voilà dit alors Ilmir d'une voix plus douce. Tu as vu. Alors jeune scribe, cette missive étaient telle vraiment importante ?
- Non Seigneur, bien sur que non. Il ne s'agit que de querelle de nobliaux, à l'opposé de ce quon pourrait appeler important.
- Bien, je vais regagner mon trône, tu peux rester ici encore un peu si tu le désire.
Le Scribe resta en silence, à écoute le vent. Il médita sur les paroles de son Seigneur et il vit la puissance de la sagesse.
Soudain, il entendit un juron et quelqu'un tomber dans les escaliers, tomber et encore tomber, jusquà la salle du trône. Il entendit alors son maître jurer de plus belle et des éclats de rire fuser des courtisans qui attendaient leur Seigneur. Il vit la puissance de l'autodérision.