Appel à mes vieux Frères d'armes

jean-charles · 11/04/2013 05:05:53

Messeigneurs,

Apres des années passées loin du Royaume de notre bon Roi Kalan, moi, Sire Elad, annonce la fin de mon exil et mon retour parmi vous.

En ces temps difficiles, j’appelle d’ailleurs mes vieux frères d’armes à en faire de même. Trop longtemps sommes-nous restés dans l’ombre et avons négligé nos obligations vis-à-vis du Royaume. Il est bel et bien temps de sortir de notre torpeur.

Je finirai cette courte missive sur une note plus personnelle, par un appel au défi à mon vieux camarade, le Porteur du Sceptre au Majeur Dressé. Mon cher Orcrist, auras tu la force de reprendre ton Sceptre et de te joindre à moi pour concourir à la prochaine course au trône ?

Au plaisir de vous relire,

Sire Elad

Orcrist · 11/04/2013 09:12:53

Un lointain écho résonna dans l'esprit du seigneur endormi au fond du Lac. Un sentiment, une impression fugace, puis de plus en plus tenace.

Cela ne se pouvait.

Le Temps jouait contre lui, depuis des lustres. Il n'en avait plus, il lui filait entre les doigts comme dans un sablier.

Et puis, éloigné des intrigues, des querelles d'ego, des machinations, son repos éternel, quoi qu'un peu humide, lui convenait.

Pourtant, cette impression tenace était là. Allongé sur le dos, sur son lit de vase, les deux mains jointes sur son ventre et enserrant son Sceptre au Majeur Dressé, il ouvrit lentement les yeux, à temps pour voir se rapprocher une petite forme sombre et ronde qui se découpait sur la surface du Lac, éclairée par un soleil matinal. Quelque chose coulait vers le fond du Lac, mais Orcrist ne bougea pas jusqu'à ce qu'une noisette se pose sur son front.

Non, ce n'était pas possible...

Il aperçut alors, à la surface, la forme d'une grande feuille tourner en rond au dessus de lui, générant de minuscules éclaboussures.

Orcrist se rendit à l'évidence et donna une lente impulsion afin de remonter vers la surface. Quand il y parvint, la première chose qu'il vit fut son petit écureuil en équilibre instable sur une grande feuille lui servant de frêle esquif, et son regard suppliant. Plus loin, sur la berge, un jeune éléphant était assis sur ses pattes arrières, amusé. Un parchemin était coincé dans sa trompe.

Le Porteur du Sceptre mis l'écureuil sur son épaule et entreprit de gagner les rives du Lac, lentement. Il prit sans un mot le parchemin, le déroula sans dégager la moindre expression, et le parcourut.

Il l'enroula de nouveau et le plaça à l'intérieur de sa cape à l'intérieur de velours rouge. Son écureuil le fixait de ses yeux pétillants.

"Elad... Elad. Mais pourquoi. Et comment. Et quand ? Ce n'est pas possible. Et pourtant, je suis là. J'irai, alors. Mais pas seul. D'autres devront revenir arpenter les terres d'Europe ! Oui, je me souviens de Grands Noms, qu'ils entendent mon appel !"

Et pour la première fois depuis des années, Le Sceptre au majeur Dressé frappa le sol, le blizzard agita la clairière enchantée et un hurlement extatique baigna l'endroit avant de partir vers son destinataire.

Une fois le calme revenu, son attention se reporta sur le petit écurueil qui ne l'avait toujours pas quitté des yeux...

"Ah oui, pardon, tiens, ta noisette".

Marmont · 11/04/2013 15:17:43

"La Roue du Temps tourne. Les Âges viennent et vont, laissant des mémoires qui deviennent légendes. Les légendes se fondent en mythes, puis même les mythes sont oubliés depuis longtemps lorsque l'Âge qui lui donna naissance revient enfin."

Dans une forêt profonde, le souffle d'un écureuil et d'un homme se mêlèrent pour former un léger vent. Au fil du boisé, le ventelet prit de la vigueur pour devenir brise au sortir de la forêt, croissant en force sur son passage, au fil des vallées et des collines. Le vent longea un fleuve majestueux, une large vallée qui lui insuffla encore plus de vigueur. S'engouffrant enfin dans une passe montagneuse, il était presque devenu tempête, se mariant avec l'hiver qui n'en finissait pas dans cette région, soufflant par bourrasques...

Un fort coup de vent fit claquer avec véhémence les étendards déployés à intervalles réguliers le long des remparts d'un château qui régnait sur cette région montagneuse qui peinait à voir venir le printemps. Il arracha également le couvre-chef du vieil homme qui en était le maître et qui inspectait une dépendance démolie sous le poids de la neige, lui arrachant également un juron. Maugréant, il fit signe à un serviteur de courir après le chapeau, car ses jambes ne le lui permettaient plus.

En son for intérieur, le vent n'était qu'un excuse facile pour passer sa mauvaise humeur. Alors qu'il aspirait à la paix, les nouvelles du monde extérieur le forçaient à sortir d'exil. Un roy était mort. Quelques jours plus tôt, un messager avait apporté la nouvelle. Un messager d'Orcrist, ce vieux frère d'armes, qui transmettait lui-même un appel d'un plus ancien encore, le seigneur Elad.

Le vieil ours n'avait guère le choix. Malgré le fait qu'il était physiquement bien diminué et qu'il aspirait à la paix, il n'en était pas moins seigneur par la volonté du roy. Le devoir lui demandait de respecter sa mémoire.

Avant de prendre les armes, il envoya à son tour une missive, appelant à son tour un compagnon.

Alzgard · 12/04/2013 13:11:23

La venelle sentait l'ail et les tourtes chaudes, le musc et l'excrément. Un mélange d'odeurs familiers, rassurant, pour lui qui hantait le pavé depuis si longtemps. Une autre odeur s'y mêlerait bientôt. Une odeur subtile, entêtante, qui passerait inaperçue dans ce cloaque. L'odeur du sang.

Des bruits de pas. Éclats de rire perlés. Propos égrillards braillés dans la nuit, baisers furtifs. Les amants s'approchent. Froissements d'étoffe riches, gloussements obscènes.

Le corps gît à présent dans la boue. Le poignard a prélevé son tribut, la ribaude reçoit son dû et disparaît dans les ténèbres. L'affaire n'a pas duré plus de quelques battements de cœur.

« Je suis vraiment le meilleur. » Un sourire amer étira les lèvres de l'assassin, cependant qu'il retirait la chevalière du doigt de sa victime et la glissait dans son gant. À pas lents, il s'éloigne. Bientôt rententit à ses oreilles une voix familière.

« P'tits pains fourré à la viande, p'tits pains fourrés à la viande ! Un demi-denier, Messieurs-Dames, un demi-denier seulement mes p'tits pains ! Et à ce prix, j'me tranche la gorge !
— Tu m'en mettras deux.
— Monseigneur est trop bon. Deux p'tits pains, deux demi-deniers, qui font un denier. Et à ce prix là, je m't…
— Non, à ce prix là, je te tranche la gorge. Ça fera un demi-denier les deux.
— Un demi-denier les deux, c'est ce que je voulais dire, de la première qualité, excellent choix, Monseigneur. »

Le sicaire s'éloigne de quelque pas, serrant dans ses mains les petits pains chauds. Rien de tel, quand on a passé des heures à guetter sa victime dans le froid glacial, que d'avaler quelque chose de chaud. Et puis il aime les petits pains de Planteur. Puants. Pourris de l'intérieur. Comme lui.

Il mord dans le premier. Qu'est-ce que… ?! Cette fois, Planteur va trop loin. De la viande de rat ou des-dieux-savent-quoi, passe encore, mais du parchemin dans ses petits pains, il ne faudrait pas prendre les clients pour des pipes !

Eh là, un instant ! Un sceau ? Ce sceau ? Sueur glacée. L'auraient-ils retrouvé ? Mais comment ? Coup d'œil à gauche, coup d'œil à droite. Il doit froisser cette lettre. La déchirer, l'avaler. Elle n'existe pas. Il la décachette. Ne pas la lire. Un peu de lumière. Fuir, se cacher dans l'ombre, une nouvelle fois disparaître.

Il se tient la tête entre les mains. Il les revoit, tous. Il le revoit, lui. Il se revoit. Les tabards chamarrés volant dans la lice. Les vins fins. L'amitié. Et les complots, les intrigues, les coups bas. L'amour. L'ambition.

Un miroir. Cet homme aux joues creuses, au regard sombre, est-ce lui ? Est-ce cet Alzgard dont parle la missive ? Et si ce n'est lui, qu'est-il devenu ? Une larme coule sur sa joue, s'arrête un instant, suit le tracé de l'ancienne cicatrice.

Les femmes. Les chevauchées. Pillages, fêtes, couronnements. Qu'as-tu fait, ô toi que voilà, pleurant sans cesse. Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà, de ta jeunesse ?

Alzgard lève les yeux. Dans l'obscure clarté des astres, la masse de la citadelle se détache. Depuis quand ne l'a-t-il pas regardée ? Le temps de l'expiation est terminé. Le moment est venu de chevaucher à nouveau en plein soleil.

Un sourire carnassier éclaire son visage. Assez vécu et tué dans l'ombre. Il est temps de reprendre sa place. Et qu'un autre, bientôt, les rejoigne.

Dernière modification par Alzgard (12/04/2013 13:12:49)

Xiaoxiaoxiao · 14/04/2013 13:19:43

" Il est des Hommes que l'on dit immortel, et pourtant je les ai tous vu mourir un par un... J'ai longtemps cherché un semblable avec qui je puis m'attacher sans m'arracher le coeur quelques lunes passées. J'ai longtemps pensé que j'avais un don, pourtant j'en viens à me demander quelle est donc cette malédiction de voir toute chose prendre fin, il n'y aura donc pas de repos éternel pour moi? Mon errance avait-elle finalement un sens?

Une chose est sûre, le monde a changé. Je le vois dans l'eau, je le ressens dans la terre, je le sens dans l'air. Beaucoup de ce qui existait jadis est perdu, car aucun de ceux qui vivent aujourd'hui ne s'en souvient... Aucun à part moi, moi le pauvre ivrogne coincé dans ce monde sanglant de gloire et pouvoir, moi le pauvre bossu que tout le monde aime à mépriser, à lincher en vain, moi le survivant de nombreuses tentatives infructueuses pour rejoindre l'au-delà! Alors que mes pensées sont de plus en plus noires, que ma peau s'est durcie comme l'eau des sommets, que mes os sont plus solides que le fer, un regard a transpercé ce matin mes yeux émeraudes et un frisson s'est emparé de moi, le même regard flamboyant qu'il y a 1000 ans, on aurait dit qu'un dragon dançait dans ses pupilles, Orcrist le porteur du Sceptre au majeur Dressé était là.

Sur les terres d'Europe, dans les flammes du Vesuve, Orcrist, le seigneur des ténèbres forgeat en secret un Sceptre.
Dans ce Sceptre, il déversa sa cruauté, sa malveillance, sa volonté de dominer toute vie.
Un Sceptre pour les gouverner tous...

L'une après l'autre, les contrées libre de la Terre tombèrent sous l'amprise du Sceptre, Scandinavie, Europe, Moyen Orient, rien ne pouvait l'arrêter mais il en fut certaines qui résistèrent...

La victoire totale était proche et le pouvoir du Sceptre ne pouvait être vaincu.
Se fut à ce moment précis alors que tout espoir disparut que Orcrist, l'ennemi des peuples libres de la Terre disparu... On dit qu'il alla se reposer dans un lac, lasser de toutes ses épreuves et affaiblit par les pouvoir du Sceptre au majeur Dressé. L'histoire devint une légende, la légende devint un mythe.
Durant 1000 ans plus personne n'entendit parler du Sceptre...

Il est peu d'Hommes que l'on dit irréprochable, et pourtant j'en ai connu un, un porteur de lumière, un seigneur rempli de bonté qui assurait protection et liberté à quiconque le demandait… On dit que ses descendants sont toujours aussi pur d'esprit, et qu'ils reprenaient enfin le flambeau de leurs aïeuls après s'être enquéris de la spiritualité la plus avancée de ce monde, le digne héritié de cette maison au nom si étrange sera-t-il capable de s'élever encore plus haut pour éclairer les fins fonds des ténèbres?"