Les steppes étaient balayées par un vent glacial. La quiétude de la nuit n'était perturbée que par le chant des loups. Mais l'ombre qui se mouvait avec aisance dans une neige pourtant si épaisse ne laissait ni trace, ni bruit. Ombre dans la nuit, elle continuait à se rapprocher du château de Lviv, d'où était dirigé le Royaume de Galicie.
Quelques secondes suffirent à cet être sombre pour se débarasser des gardes et monter de coursives en escaliers jusqu'aux appartements royaux. Le Roi attendait patiemment au coin du feu, et ne sembla pas surpris par la forme presque humaine qui se détachait de sa fenêtre.
"Est-ce déjà l'heure ?
- Ne posez pas de questions Roi, car vous obtiendrez trois réponses, toutes vraies et toutes déplaisantes.
- Je ne laisserai pas mon royaume à une bande de fanatiques assoifés de sang.
- Jadis, les étoiles vivaient et mouraient selon notre désir, et vous osez encore vous opposer à notre volonté ? Prenez fierté, Roi, d'avoir été défait par plus fort que vous. Il n'y a pas de honte dans la mort."
Et avant que ce dernier n'ait pu même battre des cils, une lame était entrée et sortie de sa gorge, coupant net même l'idée du son qu'il aurait pu produire. L'être avait bougé si vite que seul un oeil acéré aurait pu seulement se douter que quelque chose s'était produit.
Sans même attendre l'agonie du Roi qui allait être longue, la silhouette encapuchonée disparut comme elle était venue. En silence, d'autres ombres s'approchaient de la ville. Au petit matin, il n'y avait plus une seule âme qui vivait pour s'opposer à la volonté des Héritiers.
La population était désormais toute entière au service de ces êtres fabuleux qui se déplaçaient en silence et parlaient en mystères. Une chose était sûre, au demeurant.
La Grande Prophétesse Ten'hynn, envoyée par les Ethérés, avait lu dans le Ciel l'annonce des terribles présages qui guettaient l'Europe. Il fallait réduire à néant la menace hérétique, et détruire définitivement l'Ennemi. Mais ce dernier se cachait, et s'il fallait noyer des peuples entiers dans leur propre sang pour y parvenir, elle y parviendrait.
La survie du monde en dépendait.
Arda para subire, brûle de t'élever